Hare Krishna, hare hare.
Hier soir, je dis à ma meilleure moitié : Une soupe, et Holi
-Un suppo et au lit ?
Mais non Choupinette (en fait, elle ne s’appelle pas vraiment Choupinette. Vous pensez bien que si elle s’appelait Choupinette, elle aurait mon pied dans le fondement !)
Mais non Choupinette, c’est Holi. La célèbre fête indienne du bordel ambiant en technicolor. Et il y a un truc organisé par la diaspora locale, à la MJC de Nowa Huta. Ce serait rigolo d’y aller*.
Holi, c’est le festival du printemps, le plus important en Inde après Diwali. Célébré en mars ou en avril selon le calendrier hindou pour accueillir le printemps et gagner la bénédiction des Dieux pour de bonnes moissons et la fertilité de la terre avec amusements et espiègleries, et patati et patata. En réalité, sur place, c’est l’occasion de se massacrer les neurones au milkshake-cannabis et de transformer le sous-continent en un Jackson Pollock fluo grand de 3 millions de kilomètres carrés.
Mais ici, on est en Polonie. Donc on reste un tantinet plus mesuré et plus dans la retenue.
La première partie du spectacle était intéressante. Du Barath Natyam, plutôt bien exécuté par de grandes blondes aux yeux bleus, épaisses comme des phasmes (probablement locales j'en déduis), suivi de quelques danses du nord.
Ensuite il y a eu du « bollywood ».
Là, l’image de la culture indienne a pris une grosse claque s’il s’en fallait. Imaginez-vous une musique gueularde et saturée (rien de plus normal jusqu’à présent) sur laquelle gesticulent une douzaine de gamines presque autant en sari qu'en surpoids, donnant une prestation plus proche d'un élevage de pintades au moment de la distribution du maïs que du groupe folklorique. Avec ma meilleure moitié et notre voisine, une généreuse uttaraise-pradechoise en salwar kameez rose barbie, nous étions pliés en deux au point de s’étouffer avec nos samossas.
Sortis de la salle de spectacle, à l’instar des compatriotes de ma meilleure moitié également présents, nous nous sommes timidement maquillés de pigments en disant Przepraszamy po prosze, tandis que les moustachus, les vrais, s’écrasaient de grosse poignées de poudre rouge sur la truffe en brayant à qui mieux-mieux Bura na mano, Holî hai, avant de remonter dans leurs grosses berlines allemandes, conduites par des chauffeurs slaves. On aura tout vu.
Rajeev! Pradeep! On est sauvés! J'ai retrouvé la savonnette!
* En vérité je vous le dis, c’est elle qui a eu l’idée, mais mon histoire se tient mieux si j’ai l’air de prendre les décisions dans ce foyer.
Photo: Steve McCurry